Besoin de se détendre, se sentir en osmose avec son groupe de copains,
changer les facultés sensorielles... La consommation de marijuana se
banalise presque certains adolescents et jeunes adultes. Si son niveau de dépendance
physique est quasi-inexistant, en revanche, sa dépendance psychologique est
très importante. Côté toxicité, de récentes études prouvent que fumer
trois joints équivaut à fumer un paquet de cigarettes.
De plus, plusieurs docteurs affirment que consommer trop souvent du cannabis
peut développer des tendances paranoïaques chroniques, voire schizophréniques.
Un jeune fumeur développera 4 fois plus de risques de souffrir de troubles
psychiatriques à l'âge adulte qu'un non-fumeur.
Dans ce contexte, il est important de discuter et d'informer votre enfant
des risques qu'il encoure.
Discuter sans juger
Les ados détestent se sentir jugés ou condamnés. Il est
important de discuter avec eux sans préjugés et d'éviter la simple répression.
Pourquoi ne pas lui faire lire des articles qui traitent de la dépendance
que peut engendrer la consommation de cette drogue ?
L'appellation " drogue douce " n'est plus adéquate pour décrire le principe actif de la THC (Tétra-Hydro-Cannabinol) que contient la marijuana. En effet, demander à votre enfant si une de ses connaissances a facilement arrêté de consommer du cannabis, et voyez ce qu'il répond.
Le questionner en
douceur
L'adolescence est une période où on a besoin de
faire ses propres expériences. C'est pour cette raison qu'il ne faut pas
jeter la pierre à votre ado s'il a déjà fumé un joint. Montrez-lui que
vous êtes là pour l'écouter et demandez-lui pourquoi il éprouve ce
besoin de fumer. Ressent-il un manque de confiance en lui ? En a-t-il besoin
pour se désinhiber ? Sent-il une pression de la part de ses copains ?
Nommer les raisons qui le font fumer lui permettra de prendre conscience de
ses manques et de les travailler.
Prévenir
Il est bon de ne jamais se désintéresser de l'emploi du
temps de votre enfant. Etre au courant de ses sorties, ce n'est pas le "
fliquer ", mais l'encadrer. Planifier avec lui des créneaux horaires
pour faire des activités ensemble afin qu'il vous sente disponible et ouvert
aux discussions.
Dans le cas où vous n'arrivez pas à garder un lien de confiance avec lui, ou si votre confiance à son égard est brisé, sachez qu'il existe de nombreux centres spécialisés dans la prise en charge psychologique et thérapeutique. Quoi qu'il arrive, faites-lui prendre conscience que vous agissez toujours POUR, et jamais CONTRE lui.
Témoignages
Claire, 29 ans : " Mon meilleur ami devenu schizophrène
à cause de l'herbe "
J'ai rencontré Hervé en terminale et il fumait depuis plusieurs années. Au
fil des ans, j'ai développé un lien unique avec lui, une amitié que je
croyais indestructible. Mais sa grosse consommation de joints était toujours
un point sur lequel on se disputait. Je le trouvais dépendant, et lui me répondait
qu'il s'arrêterait quand il le voudrait. Mais il n'a jamais voulu arrêter.
Je suis partie vivre plusieurs années au Québec et nous avons gardé
contact. Nous continuions à nous voir 3 ou 4 fois par an, et à chaque fois,
je le trouvais de plus en plus étrange. Plus absent, plus agressif, limite
parano. Un jour, sa mère m'a appelée pour m'annoncer qu'il était enfermé
en institut car il avait pété un câble. Les docteurs l'ont diagnostiqué
schizophrène. Il est sorti de l'hôpital mais sa mère me conseille de ne pas
le faire venir chez moi car elle ne sait pas comment il peut agir avec des
jeunes enfants. (Les miens ont 2 et 4 ans). Un jour où Hervé était lucide,
il m'a dit que commencer à fumer avait été la pire " connerie "
de sa vie et que j'avais eu raison de lui faire la morale, même s'il n'avait
rien écouté. Je me souviens maintenant d'Hervé-mon-meilleur-ami avec une
tristesse énorme. Le Hervé d'aujourd'hui n'est plus la même personne. Son
docteur m'a dit que les instituts étaient remplis de jeunes qui ont trop fumé.
Et quand j'entends Thierry Ardisson crier sur tous les toits qu'il souhaite la
légalisation des joints, j'ai envie de lui présenter mon zombie d'Hervé.
David, 25 ans " Le joint n'est pas une drogue douce.
"
Je fume mon joint tous les soirs avant d'aller me coucher, ça me détend, je
dors mieux, et c'est ma pause de la journée. Je travaille dans la finance, un
monde archi stressant. Alors " Marie-Jeanne " est une bonne copine
qui m'aide à déconnecter ! Mais depuis quelques mois, je réalise qu'elle
m'est devenue complètement indispensable et ça m'embête un peu... Je suis
allé une semaine en Irlande sans elle, et elle m'a vraiment manqué. Je
dormais beaucoup moins bien et je me sentais très agité. A croire que malgré
mon attachement à l'herbe, j'ai réalisé que ce n'était pas une drogue
douce, c'est une drogue, tout court.